Un café et l’addition de Joyeux talents chez Café Joyeux !
Dans une société où le handicap serait totalement accepté, ce reportage et ces lignes n’auraient pas eu lieu d’être.
Dans une société où le handicap serait totalement accepté, ce reportage et ces lignes n’auraient pas eu lieu d’être. Quoi de plus banal en effet que l’ouverture d’un nouveau bistrot, salon de thé, coffee-chope… appelez-le comme vous voulez ! Même si le handicap est de plus en plus transparent, il y a encore des progrès à faire. A Paris le 21 mars 2017, journée mondiale de la Trisomie21, comme à Rennes en 2017, les nouveaux concepts de Café Joyeux interpellent et vont continuer d’interpeller. Son instigateur, l’entrepreneur breton Yann Bucaille le sait. Son projet n’aurait sans doute d’ailleurs pas pu voir le jour il y a quelques années sans choquer. Il le sent : « C’est le bon moment aujourd’hui, la société est prête… » Et il a décidé de jouer à fond la différence et de s’en jouer au maximum.
Le concept
SERVIS AVEC CŒUR !
Derrière la porte du 14 rue Vasselot, en plein centre-ville historique de Rennes, ou à Paris au 23 rue Saint-Augustin (2e Arr.), sur fond noir et jaune, le Café Joyeux offre d’abord un cadre chaleureux à quiconque veut déguster un café « servi avec le coeur » – ça change tout – ou tout autre boisson, accompagnés de mets sucrés ou salés faits maison (du mardi au dimanche). On remarque à peine les chaussures dépareillées des salariés. La différence se joue ici dans l’humain. Les serveurs et cuisiniers en poste, encadrés par un manager et son second, sont des « assistants joyeux », tous porteurs de handicap : Trisomie21, autisme, etc. Yann Bucaille parle de sa « mission » quand il aborde la question : « Ouvrir le monde ordinaire à la différence ». Et il recrute !
Cette différence qui « doit être au coeur de la ville est souvent mise à l’écart, selon lui. Or, elle est possible en ville ! Et ils ont beaucoup plus à nous apporter que nous. » Il a donc décidé d’en faire un concept. « Un pari », lance cet hôtelier qui emploie, par ailleurs, 150 salariés dans ses divers établissements dont le cinq étoiles Castelbrac, à Dinard. Là où il aimerait aussi afficher davantage de différences dans ses recrutements, mais ça vient…
Handicap & productivité
A Rennes comme à Paris, il se donne « deux à trois ans » pour atteindre l’équilibre économique. Yann Bucaille y a beaucoup investi, sans aide financière et sans en chercher, hormis celle « bienvenue » de l’Agefiph pour tout emploi de travailleur handicapé. « Nous voulons prouver qu’on peut être productif et même rentable avec ce handicap. » Pour Yann Bucaille, 48 ans, ce n’est pas une découverte. Il a créé cette SARL, avec une vraie différence aussi… C’est sa fondation Emeraude Solidaire, née il y a neuf ans, qui est l’actionnaire unique du café Joyeux. « Tous les dividendes seront intégralement reversés à des associations », promet Yann Bucaille qui a déjà offert plus de 400 sorties en mer à des personnes handicapées.
Faire des heureux
C’est d’ailleurs l’une de ses virées en bateau qui lui a donné cette idée heureuse. « Un jeune autiste m’avait demandé un job que je n’avais pas pour lui… » Désormais, il pourra le recruter en espérant multiplier les Joyeux dans d’autres villes ces prochaines années et faire des heureux !
(De ce café comme de ce reportage, on sort avec une expérience de vie enrichie et… l’envie de revenir 😉