Les salariés ambassadeurs sont-ils des consuls ou des empereurs ?
Les salariés sont vos meilleurs ambassadeurs et ambassadrices sur les réseaux sociaux… bla bla bla bla… On a lu cela 100 fois.
Les salariés sont vos meilleurs ambassadeurs et ambassadrices sur les réseaux sociaux… bla bla bla bla… On a lu cela 100 fois. Aujourd’hui, parlons en toute transparence du dessous des cartes.
> Temps de lecture : 5 minutes
Faut-il nommer les ambassadeurs comme au Ministère des Affaires étrangères ? Ou accompagner l’émergence d’un réseau agile de nouveaux consuls ? Une chose est certaine. L’entreprise qui veut construire un empire sur LinkedIn en levant une armée de fantassins risque plutôt de compter les déserteurs.
N’est-on pas avant tout l’ambassadeur
de soi-même ?
Sur toute une vie, LinkedIn est un avant tout un espace sur lequel on est ambassadeur de soi-même. Et c’est LA bonne stratégie pour provoquer des opportunités professionnelles. Celles et ceux qui initient des programmes de salariés ambassadeurs le font pour eux-mêmes lorsqu’ils changent de poste 😉 Halte à ce non-dit de l’Employee Advocacy. Quand la visibilité du collaborateur et celle de l’entreprise font un « bout de chemin » ensemble, c’est toujours en bonne intelligence.
LinkedIn est un pays libre : chacun
est propriétaire de son profil
Qu’ils travaillent pour des TPE, de belles PME ou de grands groupes, les salariés n’ont jamais demandé d’autorisation à leur employeur pour créer un profil LinkedIn. De nombreuses personnes le créent d’ailleurs lorsqu’ils sont entre deux postes.
Le profil LinkedIn est un passeport individuel « sacré ». Seul LinkedIn peut le confisquer si les règles d’usage de la plateforme ne sont pas respectées.
Quand est-ce que liker un Post
devient une affaire d’État ?
Qui ne s’est pas posé, en tant que salarié, la question : est-il opportun de liker le Post d’une entreprise du même secteur ou d’un ancien collègue ? Qui peut le voir ? Est-ce que cela ne va pas être mal vu ? Si je mets à jour mon profil, mon boss ou mon DRH va-t-il croire que je veux partir ?
Il y a deux catégories
d’êtres vivants sur LinkedIn
Les consultants et consultantes, entrepreneuses et entrepreneurs, personnes en transition professionnelle.
Ils sont libres d’agir et d’interagir sur LinkedIn à leur guise. Liker, commenter, publier et partager. Entrer dans des discussions publiques, voire même, polémiquer et faire un bad buzz. Ils ne rendent de compte à personne.
Les salariés et les salariées
Lorsque l’on rejoint une entreprise, il est courant d’ajouter son nouveau poste. On le met même souvent en avant en le faisant savoir à son réseau. Le profil individuel est rattaché à l’entreprise et réciproquement.
Le réseau de contacts et la messagerie privée resteront toujours du ressort de l’individu. Chacun le nourrit et noue des échanges individuels en toute confidentialité. C’est la botte secrète moderne pour sécuriser un parcours professionnel sur le long terme. Mais qu’en est-il pour les interactions publiques lorsque l’on change de crèmerie ?
À qui appartiennent (vraiment) les likes
et les publications du salarié ?
À la différence des échanges en messagerie privée, les likes et les publications des salariés sont visibles par tous, et donc par ses nouveaux managers (et managés). L’objectif d’être actif sur LinkedIn de manière publique est d’ailleurs justement d’être vu et de montrer aux autres qu’on les voit. Mais le fait-on alors toujours en son nom ou au nom de son nouveau pays d’adoption ?
Les likes et les publications rejoignent-ils symboliquement le giron de la nouvelle entreprise ? Au regard des usages constatés dans cette nouvelle entreprise, peut-on se sentir privé d’une liberté d’expression que l’on avait dans une entreprise ou une vie pro précédente ? Combien de salariés osent conserver une liberté de parole complète quand l’entreprise ne l’encourage pas ?
On peut à l’inverse dans ce nouveau poste, avoir davantage envie de prendre le micro pour ce nouvel employeur qui nous donne des ailes. Et c’est là que l’on devient consul, sans même savoir, que l’on a devant soi une carrière d’ambassadeur.
On peut devenir un ambassadeur officiel ou rester un consul officieux. Tout dépend de l’approche et de la posture du programme ambassadeurs de l’entreprise. Nous vous partageons plusieurs retours d’expérience dans notre revue de presse ci-dessous (Capital, Agefi Hebdo, Le Temps, Infopresse).
Et quand l’ambassadeur passe à l’ennemi ?
Aïe ! C’est le sujet tabou ! Pourtant c’est la vie. Et c’est la raison pour laquelle il ne faut pas tout miser sur une élite autorisée à prendre la parole pour l’entreprise. Plus la visibilité est répartie, moins elle sera déstabilisée lorsque les forces en présence évoluent.
On n’aime pas perdre un bon élément. Encore moins s’il portait une part de l’image de l’entreprise sur les réseaux sociaux. Pour autant, les personnes actives avec des communautés dynamiques sortent, tout comme elles entrent, dans les entreprises. Quand c’est dans le « bon » sens, cela est moins gênant. La prise de parole sur les réseaux sociaux fait partie du portefeuille de compétences. Un collaborateur qui en est doté sera réticent à rejoindre une entreprise qui a l’image ou la réputation de « driver » un peu trop ce que les salariés ont le droit de dire ou pas.
Les départs et les arrivées de salariés ne sont pas chose nouvelle. Avec les réseaux sociaux, c’est certes davantage visible. Mais il n’y a pas de drame. Combien de professionnels restent toute une vie dans la même entreprise ? Il y en aura de moins en moins.
Ambassadeurs, consuls et futurs empereurs d’eux-mêmes : laissez-les briller en toute liberté!
- Plus il est libre de prendre la parole, sans se sentir contraint par un carcan, plus le collaborateur sera bienveillant envers son entreprise.
- Les Posts publiés sur LinkedIn par les salariés doivent rester variés et refléter l’ensemble de leur identité professionnelle.
- Il est contre-productif de bâtir des calendriers éditoriaux trop millimétrés qui ne laissent plus la place à la liberté et à la spontanéité. Mais une ligne éditoriale claire et partagée est de mise, assortie d’une charte de bonne conduite et de qualité. Fixer un cadre, mais laisser libre d’agir et d’évoluer en toute conscience de liberté.
- On doit pouvoir écrire un commentaire ou un Post sans aucune relecture nécessaire. Par contre, si l’on a une question, avoir un référent spécialisé est apprécié.
- Un salarié qui se sent obligé de montrer à quel point son entreprise est « super » alors qu’il envisage d’en partir, est un collaborateur perdu d’avance.
On ne sait pas faire fonctionner un phare si l’on n’est pas formé
On sait tous se servir d’un téléphone pour téléphoner. Mais pour les options avancées des applications, ça se discute. C’est la même chose pour LinkedIn. A la différence que tout le monde peut y observer vos habiletés, puisque (presque) tout est public.
Un profil LinkedIn rempli trop rapidement ne fait pas bonne impression. Une maîtrise aléatoire des @, des # et des 👍 limite les retombées positives de l’activité. Un mauvais réglage des préférences peut générer des frictions.
Des collaborateurs bien outillés, ce sont des ressources qui n’ont pas envie de quitter le navire. Un matelot qui veut changer de flotte n’attend pas d’être formé par son employeur pour aller proposer ses services ailleurs.
Voyez la communauté des consuls et des ambassadeurs volontaires comme une équipe à échelle variable dans laquelle chacun se sent invité. Pour autant, on peut y prendre part plus ou moins intensément sans craindre un blâme ou une exclusion.
Bref tout cela doit rester fun !
À lire :
« Stratégie employés-ambassadeurs: 2 exemples (Amazon et Kanuk), 1 grande leçon » – Article de Renaud Margairaz pour Infopresse.
https://www.infopresse.com/article/2019/11/21/programme-d-employes-ambassadeurs-3-lecons-a-retenir
« Ils « tweetent » pour leur employeur » – Article de Lucile Chevalier pour L’AGEFI Hebdo (07/03/2019)
https://www.agefi.fr/emploi/actualites/hebdo/20190307/ils-tweetent-leur-employeur-268857
« Ces employés qui jouent les influenceurs pour leur entreprise » – Article de Julie Eigenmann pour Le Temps (13/09/2019).
https://www.letemps.ch/economie/employes-jouent-influenceurs-entreprise
« Et si vos employés devenaient les ambassadeurs de votre marque ? » – Article de Julie Krassovsky pour Capital (17/03/2020).