Le travail, ce sujet si anxiogène…
Prenez le sujet du travail. Servez-le à une bonne tablée rassemblant des personnes d’horizons divers et laissez agir. Le plat est servi brûlant bien entendu.
Prenez le sujet du travail. Servez-le à une bonne tablée rassemblant des personnes d’horizons divers et laissez agir. Le plat est servi brûlant bien entendu. Il ne faudra que quelques minutes pour que se fassent entendre les réactions. Très vite, vous constaterez que le sujet en question est assez anxiogène en fait. Il met sur la défensive beaucoup de monde. D’autres mots vont venir se greffer à la conversation : emploi, précarité, chômage, marché, salaires, troubles… Chacun ayant vécu une expérience parfois malheureuse (peut-être légitime) avec son travail, à raconter : salaire trop bas, contrats à répétition, période de chômage, etc. Sans parler des ambiances de travail, plus ou moins épanouissantes.
Code, contrat, conditions… de travail
La conversation mènera également rapidement vers ce que je nommerai les « 3C » : Code, Contrat, Conditions… de travail bien sûr ! S’il ne fait aucun débat que le Travail doit bien s’encadrer pour éviter tout dérapage, à la fois du salarié comme de son entreprise d’ailleurs, il est sans cesse ramené à un carcan qui le pénalise. Intérim, CDD, CDI… Cela peut paraître absurde de dire cela, mais si tous ces contrats sont utilisés par les entreprises (et souvent décriés), c’est que nous avons créé ces outils. Finalement, peu importe le type du contrat qui, à mon avis, doit correspondre davantage à des périodes de vie du salarié… et donc ne pas s’imposer à lui. Rien qu’en disant cela vous vous opposerez à de vives réactions. Trop libéral, trop ceci, trop cela ! Mais ne défend-on pas des valeurs de liberté ? Alors, laissons au salarié la liberté de son cadre, le choix de son contrat ! Tous en CDI alors, vous dira-t-on ? Oui, tant qu’il conditionne encore bien d’autres ressources, comme le prêt d’argent (pour l’immobilier notamment).
Quel projet pour quelle mission ?
Dirigeant du cabinet de recrutement Forstaff, Laurent Le Roux me rappelait récemment qu’aux Etats-Unis, 40% des contrats de travail ne sont pas en CDI. On parle de « mission » (et donc de « chargé de mission »). Je préfère parler de « projet » ou de « parcours ». Chacun devrait se poser la question suivante : « Quel est mon parcours et mon projet de vie, tant personnel que professionnel ? » Les deux étant intimement liés. « De quoi ai-je envie ? Comment ai-je envie de me réaliser ? » La réponse n’est pas toujours évidente et peut mettre plusieurs jours voire semaines, mois ou années, à émerger. En quelques années, nous sommes passés du paradigme de « Réussir dans la vie » à « Réussir sa vie » ! Comme le consommateur qui veut savoir où et comment sont produits les biens qu’il consomme, le travailleur recherche le même sens dans son travail quotidien.
Pour des contrats de vie
Pour faciliter son employabilité, il faut travailler cette employabilité, en mode projet personnel. Chacun doit être le moteur de son propre développement. Ce projet doit rencontrer à un moment donné celui d’une entreprise qui sera en phase et auquel il répondra. Le travailleur doit être porteur de solutions, comme l’entreprise envers ses clients. Mais ce contrat doit être gagnant-gagnant. C’est du donnant-donnant ; il faut savoir aussi donner pour recevoir. L’entreprise doit également apporter au salarié des valeurs, du sens à son travail, de la transparence… Du positif et non pas de la suspicion ! Le niveau d’exigence doit bien entendu être réciproque et partagé en conséquence.
Écouter et valoriser
Je constate régulièrement combien ce thème du travail est épineux en France. Chacun a un rapport différent au travail (à son travail) et cela génère bien souvent des différends. D’une table ronde récente à laquelle j’étais invité à témoigner de mon expérience (de travail), je retiens un chiffre : 74% des salariés* aiment leur job. Je préfère tout le temps voir/boire le verre à moitié plein que vide, sans être naïf non plus ; 35% considèrent quand même que leur travail nuit à leur santé et n’oublions pas qu’un salarié sur deux songe à changer de travail. Mais dans le cas présent (74 %), le verre est aux trois quarts plein ! Alors, montrons davantage cet amour du travail et cette fierté, sachons les écouter et donnons-leur la parole ! Personnellement, c’est mon leitmotiv à travers le projet Jeviensbosserchezvous qui valorise le Travail et donne autant la voix aux salariés qu’aux dirigeants d’entreprise pour soigner l’attractivité des uns et des autres et faire en sorte que les deux se rencontrent.
Géry
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