Entretien avec le journaliste économique Géry Bertrande (alias Géryoutubeur), fondateur et animateur du concept JeViensBosserChezVous #JVBCV. Depuis 2018, son équipe bosse l’attractivité et la marque employeur des entreprises et des organisations de toutes tailles et de tous secteurs, grâce au média vidéo, réseaux sociaux et Youtube. Zoom sur une belle aventure entrepreneuriale en équipe, partout en France et même au-delà.

Industrie agroalimentaire

Temps de lecture : 8 min
> Article publié dans le cadre d’une newsletter adressée par Hachette x Bpifrance à 30.000 enseignants de France

Journaliste de profession, Géry, tu as décidé de créer ton entreprise il y a 4 ans maintenant. Un concept inédit associé à une chaîne Youtube : Je Viens Bosser Chez Vous. Quel a été le déclic ?

A force de côtoyer des entrepreneurs et de visiter des entreprises pour valoriser leurs actualités pendant une vingtaine d’années, ce quotidien m’a donné envie de me lancer dans l’entrepreneuriat. Je voyais bien qu’il me fallait également réinventer mon métier, à l’époque très lié à la presse écrite. La vidéo représente aujourd’hui 80% du flux média web. En tant qu’homme de projets et de réseaux, il fallait passer à l’action !

D’où est née l’idée de ton concept Je Viens Bosser Chez Vous ?

Géry : J’avais envie de créer mon propre média, de partager ce que je voyais au quotidien dans les entreprises dynamiques. J’avoue que j’en avais un peu marre aussi d’entendre des dirigeants me confier qu’ils n’avaient pas d’image de leur boîte, qu’ils galéraient à recruter… Tout le monde ne s’appelle pas Airbus ! L’immersion et l’authenticité ont guidé la création du concept. Des émissions m’ont aussi inspiré. Souvenez-vous de StripTease : une caméra filme le quotidien des « vrais » gens. Sans commentaire. Il me fallait trouver ma voie et proposer une adaptation au monde professionnel. Le leitmotiv de notre équipe : faire les lignes et faire le job. Partager le quotidien de celles et ceux qui bossent pour donner envie de travailler.

Comment s’est passée la création de l’entreprise ? Quels conseils à donner ?

Géry : C’est assez paradoxal. Mûrement réfléchi, le lancement s’est fait un peu sur un coup de tête. Il fallait se lancer. Pas de conseil à donner, si ce n’est d’oser et de croire en ses rêves. Après tout, qu’a-t-on à perdre à essayer ? Pas grand chose finalement… Parler de ses projets à son entourage, personnel comme professionnel, permet de confronter ses idées, des les challenger et de tracer sa route avec des jalons importants et un réseau.  Ceux qui veulent vous aider se manifesteront naturellement.

Pourquoi avoir créé une chaîne Youtube ?

Géry : Youtube s’est imposé rapidement. La plateforme reste le n°1 mondial. Mettre un peu de pro au milieu des vidéos d’humour, de santé, beauté, bien-être, voyage… ça ne fait pas de mal non ? Bon d’accord, on est encore une goutte d’eau dans cet océan, mais le public tombe forcément sur nous ici. C’est gagné !

Industrie agroalimentaire

Quel bilan 4 ans après ?

Géry : Le bilan est très positif. En moyenne, depuis 4 ans, nous produisons et diffusons un épisode chaque semaine sur nos réseaux : Youtube, mais aussi Linkedin, Facebook, Twitter, Instagram et notre site web. Je vous laisse compter le nombre de jobs ainsi testés et mis en lumière. Ils sont souvent méconnus. Qui connaît le métier de pointeur, celui de formaliste, de tourier… ? Sans compter nos formats spéciaux, moins visibles, créés et personnalisés aux couleurs et à l’image de nos clients. Ils sont nombreux, de toutes tailles, de tous horizons et secteurs. Notre format s’adapte à tous. J’en profite d’ailleurs pour les remercie de leur fidélité. Je vais vous faire une confidence : nous ne les démarchons pas. C’est notre production qui fait notre prospection. Autant vous dire que nous sommes visibles et surtout nos clients à travers nous. Quel plaisir et quel confort de travailler avec et pour des personnes qui ont envie de bosser avec vous ! Ensemble, nous tissons des liens forts.

Quels retours ont-ils de leur côté ?

Géry : Là aussi, les retours sont bénéfiques, notamment en terme de marque employeur. Nous n’avons pas de baguette magique : nous n’allons pas recruter à leur place. Aux DRH, nous disons : « Arrêtez de chercher à recruter ! Bossez plutôt votre attractivité. » Et ça marche ! Des « candidats improbables » ou qui s’ignorent, comme je les appelle, marquent un intérêt parce qu’ils ont vu leurs futurs collègues, environnement de travail… Après, c’est leur job de les recruter et les fidéliser. Nos clients bénéficient de plusieurs caisses de résonance : d’abord la leur, mais aussi celle de leurs salariés (plus enclins à partager une vidéo dans laquelle ils sont acteurs), la nôtre à travers nos communautés et celle de nos partenaires.

Quelles sont vos perspectives à présent ?

Géry : Aujourd’hui, le concept s’élargit. Techniquement d’abord : vidéos originales, mais aussi podcasts, photos, événements d’entreprises, drone extérieur comme intérieur… Et puis l’équipe s’est agrandie. Dès l’origine, j’avais à coeur d’incarner dans ma propre entreprise la diversité de la Société dans laquelle nous vivons. Cela passe par un alter ego féminin, devant la caméra : Laetitia, basée à Lille, fait désormais rayonner la marinière JVBCV. D’autres nous rejoindront, dans d’autres régions, pourquoi pas à l’international… Notre duo a d’ailleurs entamé un tour de France de l’agroalimentaire, sous forme de websérie. Nous formons aussi des « salariés ambassadeurs » de leur entreprise, de futurs Youtubeurs internes au cœur même des organisations pour les valoriser. Et puis, derrière les caméras, œuvre une équipe de professionnels engagés : des femmes et des hommes de l’ombre, au talent immense. Ce sont des emplois que nous portons avec fierté. Au total, JVBCV représente aujourd’hui une dizaine de personnes.

Toi qui parcours les entreprises au quotidien, en bon observateur de la vie économique, que remarques-tu le plus, notamment au regard de l’emploi ?
 
On me pose souvent cette question. Je ne sais pas si j’ai une vue représentative, mais je ne connais pas une entreprise qui n’a pas de difficulté à recruter. Un ministre disait récemment : « Les seuls secteurs qui n’ont pas de problème de recrutement sont ceux qui ne recrutent pas… » Il faut changer de paradigme : arrêter de chercher à recruter, mais plutôt chercher à se rendre attractives !
 
Et côté salariés ?
Côté employés, je rencontre toujours des personnes impliquées, épanouies et passionnées par leur travail. Oui, leur quotidien est souvent difficile, notamment dans l’industrie. Il ne faut pas se mentir. Je n’ai pas des oeillères. Mais dès lors qu’on leur fait confiance, les écoute et leur donne des responsabilités, alors le sentiment de fierté et d’appartenance opère. Cela donne des salariés motivés, au-delà des questions de rémunérations propres à chacun. Aucun babyfoot ne pourra remplacer cet aspect Humain.
 
Quel métier testé t’a le plus marqué ?
J’ai l’habitude de dire que je change de job toutes les semaines (nous diffusons en effet un épisode chaque semaine sur notre chaîne Youtube). On m’avait prévenu quand j’étais plus jeune : « Tu ne feras pas durant toute une carrière le même métier ! » Il y a vraiment des métiers incroyables ! Celui qui m’a sans doute le plus marqué est le quotidien de ces techniciens éoliens qui grimpent à 70 m de hauteur, tels des funambules (bien assurés, je vous rassure). Sur le toit d’une éolienne, on se sent tout petit ! Mais les techniciens de maintenance qui bossent de nuit dans la métro déserté m’impressionnent tout autant, notamment par leur professionnalisme. Ces deux métiers ont un point commun, comme beaucoup d’autres d’ailleurs : le sens du service et de la sécurité.
Métier technicien maintenance éolien
 
Tu poses souvent la question de ce que tes interlocuteurs veulent améliorer dans leur quotidien. De ton côté, qu’aimerais-tu changer ?
 
Notre équipe fourmille d’idées ! Commençons simplement par donner le goût du travail (et même de l’entrepreneuriat) à la jeunesse. N’ayons pas peur de l’Entreprise ! Il n’y a pas d’emploi sans employeur disait un capitaine d’industrie Chti, André Mulliez. Personnellement, je m’interroge : « Un mini-stage d’observation en classe de 3e est-il suffisant ? » On demande aux jeunes de s’orienter dans une jungle, sans boussole ni repères. Dès l’entrée au collège, je leur offrirai un stage d’étonnement d’une journée en 6e et un autre en 5e. Puis, une immersion pratique de trois journées en 4e, qui passerait à une semaine en 3e. Au lycée, dès la seconde, l’immersion grimperait à deux semaines, puis trois semaines en première et un mois en terminale, avec des possibilités à l’étranger bien sûr. Sur son parcours scolaire, le jeune découvrirait ainsi 7 secteurs d’activités distincts, 7 familles de métiers obligatoirement différents. De quoi l’aider à choisir ensuite une voie : sa voie !
 
On pourrait appliquer le même principe à tout salarié qui veut se réorienter.
 
Il faut faire évoluer le code du Travail. Un élève volontaire pour faire un stage durant ses vacances scolaires ne devrait pas être freiné sous prétexte qu’il n’y a personne dans son établissement scolaire pour en être référent-responsable, dans une convention tripartite. C’est véridique. A chacun de prendre ses responsabilités si on veut faire avancer ce pays.
 
Une phrase qui t’inspire au quotidien ?
Oui, cette phrase de Baden Powell, fondateur du scoutisme : « La question n’est pas de savoir ce que je peux avoir… mais qu’est-ce que je peux donner dans la vie ? »
Dailycer recrutement maintenance

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